Ce ne sont que des monstres, aussi lâche que cruel : Westermann, Carrier et bien d’autre. Tous tremblaient devant eux. La guillotine, installée place du Bouffay, fonctionnait tous les jours. Mais bientôt Carrier trouva qu’elle n’allait pas assez vite. Les prisons de Nantes regorgeaient de Vendéens, capturés aux alentours d’Ancenis et de Savenay. Le misérable résolut de les noyer en Loire ! L’ " opération ", faite la nuit, avait bien " réussi " :150 prêtres envoyés, sans jugement et sans bruit, au fond de l’eau ! Pourquoi ne pas en faire autant avec les Vendéens ? Combien furent-ils de Vendéens à périr ainsi ? Au moins 4800. C’étaient des martyrs au sens large du mot, puisqu’ils mouraient pour la cause de DIEU. Cependant, comme ils sont mort sans jugement, sans professer publiquement leur foi, on ne peut guère parler des " martyrs " de Nantes. Il n’en est pas de même des martyrs d’Angers. Angers a vu, au début de 1794, 1940 Vendéens fusillés dans un champs appelé aujourd’hui : " le Champs des martyrs " . La plupart avaient subi un simulacre de jugement. On possède encore de nombreuses listes de condamnés, avec , en face du nom, F au crayon bleu, ou un G au crayon rouge. F signifiait : à fusiller. G signifiait : à guillotiner Mais l’intérêt de ces listes est que, souvent, on a joint au nom le motif de la condamnation d’ordre religieux. L’un est condamné pour avoir porté un Sacré-Cœur à son gilet ; l’autre pour être allé en procession à Saint-Laurent ; celui-ci pour avoir fabriqué des chapelets ; celle-là pour avoir refusé d’aller à la messe d’un curé jureur. Très souvent, un seul mot, qui tombe sur l’accusé comme le couperet de la guillotine, le crime impardonnable aux yeux des révolutionnaires : " fanatique ", c’est à dire : " calotin ". Calotin : F, à fusiller ! On fusillait les gens ; on guillotinait les autres. Le 21 février 1794, Angers vit le martyre de M. Noël Pinot, curé du Louroux-Béconnais. On le fit monter à l’échafaud, croyant le ridiculiser, avec ses ornements sacerdotaux. La place du Ralliement était noire de monde ; la foule, saisie d’émotion, observait un silence religieux ; on se serait cru à un office dans la cathédrale. Aussi bien, n’était-ce pas sa dernière messe ? Parvenu au bas de la guillotine, il se signa, comme au bas d’un autel. Très distinctement, la foule l’entendit prononcer les mots sacrés une dernière fois : " Introibo ad altare dei " : " Je monterai à l’autel du Seigneur ". D’un pas ferme, il monta à l’échafaud. Jusqu’ici, il avait offert à Dieu le sang du Christ. Ce jour-là, c’était son propre sang qu’il offrait au Christ, pour les âmes et pour l’Eglise. Sur la place d’Angers, les gens étouffaient leurs sanglots. L’abbé Noël PINOT a été béatifié par le pape Pie XI en 1926. Nous pouvons donc, l’invoquer pour la Vendée et pour la France : " BIENHEUREUX NOËL PINOT , PRIEZ POUR NOUS ! " |